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  • La nature est pleine d'amour
  • Le Vésuve selon Victor Hugo

La nature est pleine d'amour

 

La nature est pleine d'amour, 
Jeanne, autour de nos humbles joies ; 
Et les fleurs semblent tour à tour 
Se dresser pour que tu les voies.

Vive Angélique ! à bas Orgon ! 
L'hiver, qu'insultent nos huées, 
Recule, et son profil bougon 
Va s'effaçant dans les nuées.

La sérénité de nos coeurs, 
Où chantent les bonheurs sans nombre, 
Complète, en ces doux mois vainqueurs, 
L'évanouissement de l'ombre.

Juin couvre de fleurs les sommets, 
Et dit partout les mêmes choses ; 
Mais est-ce qu'on se plaint jamais 
De la prolixité des roses ?

L'hirondelle, sur ton front pur, 
Vient si près de tes yeux fidèles 
Qu'on pourrait compter dans l'azur 
Toutes les plumes de ses ailes.

Ta grâce est un rayon charmant ; 
Ta jeunesse, enfantine encore, 
Éclaire le bleu firmament, 
Et renvoie au ciel de l'aurore.

De sa ressemblance avec toi 
Le lys pur sourit dans sa gloire ; 
Ton âme est une urne de foi 
Où la colombe voudrait boire.

Victor Hugo

 

Le Vésuve selon Victor Hugo

... ... ...
Quand longtemps a grondé la bouche du Vésuve, 
Quand sa lave écumant comme un vin dans la cuve, 
Apparaît toute rouge au bord,

Naples s’émeut : pleurante, effarée et lascive, 
Elle accourt, elle étreint la terre convulsive ; 
Elle demande grâce au volcan courroucé. 
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée 
Grandit incessamment sur la cime enflammée 
Comme un cou de vautour hors de l’aire dressé.

Soudain un éclair luit ! Hors du cratère immense 
La sombre éruption bondit comme en démence : 
Adieu, le fronton grec et le temple toscan ! 
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure. 
La lave se répand comme une chevelure 
Sur les épaules du volcan.

Elle vient, elle vient, cette lave profonde 
Qui féconde les champs et fait des ports dans l’onde. 
Plage, mers, archipels, tout trésaille à la fois. 
Les flots roulent vermeils, fumants, inexorables, 
Et Naples et ses palais tremblent plus misérables, 
Qu’au souffle de l’orage une feuille de bois !

Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues. 
La terre revomit des maisons disparues, 
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin, 
La mer bout dans le golfe et la plaine s’embrase, 
Et les clochers géants, chancelant sur leur base, 
Sonnent d’eux-mêmes le tocsin !

Mais c’est Dieu qui le veut ! Tout en brûlant des villes, 
En comblant les vallons, en effaçant les îles, 
En charriant les tours sur son flot en courroux, 
Tout en bouleversant les ondes et la terre, 
Toujours Vésuve épargne, en son propre cratère, 
L’humble ermitage ou prie un vieux prêtre à genoux.

Victor Hugo