La lente Loire passe altière...
La lente Loire passe altière et, d'île en île,
Noue et dénoue, au loin, son bleu ruban moiré ;
La plaine mollement la suit, de ville en ville,
Le long des gais coteaux de vigne et de forêt ;
Elle mire orgueilleuse aux orfrois de sa traîne
Le pacifique arroi de mille peupliers,
Et sourit doucement à tout ce beau domaine
De treilles, de moissons, de fleurs et d'espaliers…
Ce jardin fut le nôtre ; un peu de temps encor,
Ta douce main tendue en cueillera les roses ;
J'ai regardé fleurir dans sa lumière d'or
La fine majesté des plus naïves choses :
Les reines ont passé - voici la royauté
Des Lys, que leur blason au parterre eût ravie,
Et voici fraîche encor d'éternelle beauté
La frêle fleur éclose à l'Arbre de la Vie.
Francis Vielé-Griffin