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  • Printemps
  • Nuits de juin
  • Voici que la saison décline
  • L'aube est moins claire...
  • En hiver la terre pleure

Printemps

Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! 
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! 
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ; 
L'oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ; 
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d'être ensemble et se disent des vers. 
Le jour naît couronné d'une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d'amour ; la nuit, on croit entendre, 
A travers l'ombre immense et sous le ciel béni, 
Quelque chose d'heureux chanter dans l'infini.

Victor Hugo

Nuits de juin

 

L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.

Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

 

Victor Hugo

 

Voici que la saison décline

Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;
L’océan n’a plus d’alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l’été fond.

 

Victor Hugo

 

L'aube est moins claire...

L'aube est moins claire, l'air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l'azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s'en va d'un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu'éblouissait l'été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.

Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L'automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l'été qui s'enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,
Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu'un souffle tiède effleure !
Voluptés du grand air, bruit d'ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,
Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosées !

Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux !
Hélas ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous ?

Victor Hugo


En hiver la terre pleure

En hiver la terre pleure ; 
Le soleil froid, pâle et doux, 
Vient tard, et part de bonne heure, 
Ennuyé du rendez-vous.

Leurs idylles sont moroses. 
- Soleil ! aimons ! - Essayons. 
O terre, où donc sont tes roses ?
- Astre, où donc sont tes rayons ?

Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc, 
Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -
Et la fait en s'en allant ;

Comme un amant qui retire
Chaque jour son coeur du noeud, 
Et, ne sachant plus que dire, 
S'en va le plus tôt qu'il peut.

Victor Hugo, Les quatre vents de l'esprit (1802-1885)