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Crépuscule d'un sourire

 

Dès que le vent du cœur exhale ses éclats de vie,

Dès que l'aube du sourire illumine leurs cœurs épris,

Il n'est plus grand bonheur dans les yeux des parents

Que de bercer sur leur sein l'innocence d'un enfant.

 

Un jour une ombre pourtant sillonne leur chemin

Et dépose sur ses lèvres le froid silence du destin.

Une ombre épaissie d'un brouillard sans aurore,

Éteint à leur vie l'éclat si tendre de son sourire d'or.

 

Dans l'air alourdi exhalant une froide chaleur

Qui étourdit leurs fronts et exhibe leur pâleur,

Un voile d’airain enténèbre le flambeau du jour,

Les frimas hantent leurs veines et pleurent des larmes sans amour.

 

L'insidieuse fortune a épuisé le cours de ses printemps,

L'infélicité, fille de l'hiver, murmure à l'oreille du temps,

L'hoir ne souffre plus, la sagesse peut pleurer,

Mais ce mal enduré, jamais les parents n'ont souhaité.

 

Il n'est pire tourment que de perdre un enfant.

Alors comprenez que son sourire douloureusement absent,

Que ses rires et ses pleurs silencieux infiniment,

Ne sont que des sujets à pleurer éternellement.

 

Comprenez que l'imprévu trépas on ne peut surmonter,

Car pour l'aurore naissante il n'est que le giron maternel.

Comprenez que nul autre ne peut pire bourrèlement éprouver,

Sinon qu'un noir destin vous a plongé dans son sinistre tunnel.

 

Comprenez enfin que le deuil n'est point maladie

Dont on peut guérir au premier détour de sa vie,

Qu'ils n'en ont nul besoin, ni envie de soulager,

Qu'au lieu de comprendre, soyez simplement désolé.

 

Sous la nue argentée, aux confins de l'Empyrée,

Il est en un décor ou il ne pourra plus jouer ;

Alors, dites simplement que vous vous rappelez,

Dites-leur simplement que de lui vous vous souvenez.

 

Le soir venu, tous deux reclus dans la chambre muette,

Ils prient de se souvenir, ils frissonnent et souhaitent ;

La nuit est noire, le silence profond, et au matin levant,

Figés devant la glace, ils ne sont qu'ombre et navrement.

 

Dans leurs yeux fatigués, cernés par l’ineffable chagrin,

Où s'effrite l'avenir, ou suffoque leur destin,

Il n'est point de lieu qu'ils n'aient besoin de visiter,

De leur merveilleux enfant, laissez-les simplement parler.

 

Dans cet antre de douleur dans lequel toujours ils s'épuisent,

Laissez-les vous dire ses rires, ses pleurs et ses jeux sous la brise ;

Et lorsque le temps rassérène les pleurs, vivez le nom de l'enfant,

Souvenez-vous décemment, mais toujours soyez présent.

 

Survivre à son enfant est incommensurable souffrance,

Laissez-les simplement pleurer, affronter leur désespérance ;

Eux seuls savent que leurs larmes ont le goût étrange

D'un petit être qui dans le firmament est devenu un ange.

 

Philippe Laplace,  extrait du recueil « Clair-Obscur »

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